"Sandra" de Visconti, un film poignant et très sombre

Publié le par Vampirella Orasul

 

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Synopsis :

Après des années d'absence, Sandra (Claudia Cardinale) revient à Volterra, sa ville natale pour assister à une cérémonie de donation du jardin familial à la Municipalité en la mémoire de son père. Elle est accompagnée de son mari Andrew, follement amoureux d'elle et désireux de connaître le lieu où son épouse a passé sa jeunesse.
Dans cette immense maison, Sandra est envahie par les souvenirs du passé. Elle retrouve surtout son frère Gianni (Jean Sorel), jeune écrivain avec lequel elle entretient une relation ambiguë et qui écrit un roman autobiographique Vaghe stelle dell'Orsa (« Gracieuses étoiles de l'Ourse »), titre emprunté au début du poème Le Ricordanze du recueil Canti de Giacomo Leopardi. Elle revoit également sa mère, pianiste, qui souffre de graves troubles psychiatriques.

Andrew découvre peu à peu que la famille est tourmentée par la mort du père, brillant intellectuel juif déporté par les nazis et mort à Auschwitz. Sandra et Andrew attribuent la responsabilité de cette mort à une dénonciation de leur mère et de son amant, devenu ensuite son second époux. Ébranlé par cette découverte, Andrew organise une réunion de famille en vue de clarifier la situation. Lors de ce repas, les doutes qu'il entretenait quant à la relation incestueuse de Sandra et Gianni sont confirmés. Après s'être battu avec Gianni, il quitte la maison et repart pour les États-Unis. Gianni menace Sandra se de suicider s'il la quitte. Entre son frère et son époux, Sandra choisit son époux et décide de rejoindre Andrew après la cérémonie. Fou de douleur, Gianni brûle son roman et se suicide.

 

Critique :

5/5

Dès le départ, une ombre tragique plane sur le couple qui semble heureux, trop heureux. On se croirait de retour dans le roman "Les hauts de Hurlevent", mais on est en Italie. Claudia Cardinale, sublime, sait retenir toute l'attention et garde son mystère jusqu'à la fin. Cette demeure-là est glauque, à coup sûr elle renferme des secrets inavouables. Même si le problème peut être deviné longtemps à l'avance, il ne s'agit pas ici de facilité puisque la conclusion, la solution, ne viennent pas à l'esprit : c'est un rare moment au cinéma que celui où l'esprit, les yeux sont rivés sur ce qui va suivre. Plein d'érotisme, de sobriété, de tragédie, de caractère, ce film nous rappelle au centuple ce que les Grecs disaient à propos du "pathos", de la passion comme souffrances. Tous sympathiques à leur manière, les personnages sont profondément opposés par leurs passions, causes de discorde. A un moment, on peut croire que la passion incestueuse l'emportera, ils vont si bien ensemble, comme si cela pouvait se pardonner, comme si la passion irrésistible pouvait prendre le dessus. A la tendresse se succède la violence et la fin abrupte n'est pas juste pour le spectateur, mais permet à ce chef-d'oeuvre de Visconti de ne pas tout révéler, le voile pudiquement baissé sur les choses trop tragiques et le malheur qui ne frappe jamais qu'une fois.

 

En ce moment au cinéma Le Champo.

Publié dans Critiques de films

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