"Millénium", le thriller horrifique qui donne des frissons: à ne plus pouvoir détacher ses yeux de l'écran, même pas une seconde

Publié le par Josée - Vampirella Orasul

Millénium, Suéde/Danemark, 2008, 2h32

Titre original: Män som hatar kvinnor
Fait partie de la Saga Millénium
Tiré du premier livre de Stieg Larsson Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Thriller, de Niels Arden Oplev
Avec: Michael Nyqvist, Noomi Rapace, Lena Endre
Interdit aux moins de 12 ans... (et pour cause!)
Date de sortie: 13 mai 2009 (un grand jour!)
5 étoiles



Synopsis:
Mikael Blomkvist est journaliste économique dans le magazine Millenium. Condamné pour diffamation, il décide de prendre de la distance avec sa vie et son métier. Mais Henrik Vanger, grande figure de l'industrie suédoise, fait appel à lui afin d'enquêter sur un meurtre non élucidé, celui d'Harriet Vanger, nièce du grand homme et disparue à l'âge de seize ans. Au cours de ses recherches, Blomkvist se rend compte que La famille Vanger semble cacher bien des haines et des secrets. Dans le cadre de son enquête, le journaliste est amené à rencontrer Lisbeth Salander. La jeune femme de vingt-quatre ans possède un don exceptionnel, celui de découvrir des informations introuvables. Tous deux vont être amenés à se croiser dans une enquête qui va révéler beaucoup plus que ce que chacun aurait pu imaginer...


Critique:
Un thriller haletant qui verse dans le gore mais s'en tient toujours à l'essentiel en restant fidèle au best-seller: Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (premier tome de la série).



Le scénario chargé de Millénium, thriller "horrifique" qui donne de bonnes raisons de rester rivé à l'écran même si on ne le voudrait pas (comme dans Requiem for a dream avec ses scènes insoutenables), reprend avec justesse le ton de l'auteur Stieg Larsson, qui serait certainement très fier de cette réalisation, même s'il n'est plus de ce monde. Collant de près au livre, le film est tout aussi efficace. La fascination vient de son ambition de rester subtil dans la progression de l'intrigue policière tout comme le faisait Agatha Christie, tout en montrant des scènes choquantes à la manière d'un La dernière maison sur la gauche.

On joue sur l'ambiguïté d'une façon intelligente avec des personnages nuancés, qui peuvent se retourner au dernier moment et qui cachent les facettes de leur personnalité profonde. Tout est noir et froid, comme en Suède, et pourtant, le fil est tendu à craquer, à la manière de l'intrigue passionnante du Silence des agneaux.  Le réalisateur a bien compris comment faire une bonne adaptation: il n'a pas voulu s'apesantir sur les détails mais il a ainsi repris tous les élements-clés du roman qui prend véritablement vie sous nos yeux, avec ce qui avait plu ou déplu au lecteur. Les acteurs semblent être nés pour ces rôles: ils ressemblent si parfaitement à l'image que pouvait s'en faire le lecteur qu'on ne dirait pas des acteurs mais les personnages sortis du livre directement. Leur statut d'étrangers au yeux des Français ajoute à cette aura de mystère. Il y a de l'électricité dans l'air. Et la musique contribue à cet état de transe hypnotique.

Même s'il s'agit d'un best-seller, le film ne s'adresse pas au public général: tout comme les livres du suédois Larsson, il doit être vu avec prudence par un public averti. Le cauchemar recommence: il faut trouver où Harriet Vanger a pu disparaître de façon mystérieuse depuis 40 ans.   Lisbeth Salander, ce personnage féminin énigmatique qui diffuse de la souffrance et du courage tout à la fois, est interprétée par Noomi Rapace: elle s'impose de manière phénoménale comme le personnage central du film, d'entrée de jeu, dès qu'on la voit apparaître dans la salle de conférences où elle livre son rapport d'enquête. Son apparence physique la fait ressembler à  une déesse cruelle descendue sur terre, comme Méduse par exemple, ou une Gorgone. Pourtant, il était difficile d'imaginer ce personnage dans la vraie vie, un mélange de contradictions, à la fois victime et violente, passive et agressive. Il s'agit d'un personnage toujours surprenant, mais qui a les pieds bien sur terre.

Le journaliste Mikael Blomkvist n'en fait pas trop et ne ressemble pas à un séducteur, comme on l'a connu dans le livre. Il ne joue pas non plus les héros mais apparaît pour ce qu'il est: un homme honnête qui a cette passion pour la vérité et ce désir de la faire éclater au grand jour, même si cela met sa vie en péril. La relation qui s'établit entre lui et Lisbeth, mystérieuse même à ses propres yeux, devient intrigante.

L'histoire plaît ou ne plaît pas: le scénario présente un déroulement des événements identiques à celui du livre. Mais pour le livre, il avait fallu attendre plusieurs heures pour connaître le dénouement. Le spectateur n'a qu'à attendre 2 heures 20 environ pour connaître la vérité lors des dernières minutes, c'est à peine s'il ose encore respirer. Au départ, il semble y avoir un mystère fascinant et insondable: l'intrigue est d'autant plus dépaysante que les faits décrits se déroulent en Suède sur une île coupée du monde, là où vivent les descendants de la famille-empire Vanger. C'est dans ce monde clos que Blomkvist s'immisce, et cela ne s fait pas sans remous. Ils ne sont pas tous sympathiques, et plusieurs n'apprécient pas qu'il vienne fourrer son nez partout, surtout les coupables, qui ne le montrent pas au premier abord.

On veut découvrir la vérité: quelqu'un sur la photo de familel montrée a tué Harriet, du moins est-ce ce que l'on croit. Qui envoie ces fleurs chaque année? L'assassin, pense l'oncle qui les reçoit... Et pourtant... La fascination du départ tient le coup longtemps, au fur et à mesure que sont découverts de nouveaux éléments de réponse pouvant mener à Harriet. Mais la chute s'avère brutale: les responsables sont des petits minables qui haïssaient les femmes, et non pas un assassin classe qui avait éliminé son épouse pour toucher le magot et vivre avec sa maîtresse qu'il adore.  Le thème du sadisme sexuel, explicitement démontré, va un peu trop loin, rappelant Almodovar, mais sans l'humour. Harriet n'est peut-être pas morte: une lumière se fait dans l'esprit.  Le drame a peut-être quelque chose à voir avec les nazis, mais ce ne sont que des détails. Les crimes commis selon des descriptions de la Bible renvoient à Seven, ils ajoutent encore de la sophistication, mais on aurait pu s'attendre à une révélation plus impressionnante.

Des hommes sadiques qui haïssent les femmes, ce n'est pas ce qui fait défaut au cinéma. La montagne russe s'arrête tout net. L'inceste dégoûtant à la manière de Volver n'a rien de si original. Indépendamment des faits impossibles à omettre dans un scénario tiré d'un livre, Millénium mérite des soulèvements de chapeaux si on peut le supporter: il se démarque en tant que thriller particulièrement bien construit, dont la subtilité plaît aux esprits raffinés qui aiment les intrigues brillantes, et à ceux qui recherchent des sensations fortes. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, Millénium prend l'esprit dans une toile d'araignée et hypnotise, ne libérant qu'après plus de 2h30 de tension bien soutenue dont pas une minute n'est de trop, à la manière du caractère brutal et efficace de Lisbeth Salander, héroïne à sang-froid. La fin s'ouvre sur une autre aventure, un prochain voyage dans une intrigue policière sauce suédoise. Pour frapper en plein dans le mille de l'originalité, Millénium ne pouvait pas faire mieux.




Publié dans Critiques de films

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