"El nino pez", deux adolescentes tombent passionnément amoureuses. C'est le drame entre la jeune fille sage et la bonne séduisante convoitée par tous...

Publié le par Josée - Vampirella Orasul

El nino pez, Argentine/Paraguay/Espagne, 2008, 1h36
Thriller, drame, romance de Lucia Puenzo
Avec: Inés Efron, Mariela Vitale, Pep Munne
Date de sortie: 06 mai 2009
4 étoiles



Synopsis:


Lala, fille de bonne famille dans la banlieue cossue de Buenos Aires, est follement amoureuse de la Guayi, jeune et jolie paraguayenne au service de ses parents. Ensemble, elles rêvent de partir dans le village d'origine de Guayi, au bord du lac Ypoà. Mais un drame familial va brusquement les séparer...

Critique

Un film d'une beauté lancinante profondément émouvant qui rappelle Almodovar.

El nino pez se place dans la lignée des films sur l'homosexualité, et reprend la problématique posée par des amours malheureux et difficiles entre jeunes filles adolescentes, comme dans Les méduses et Les filles du botaniste, par exemple.

L'histoire passionnante accroche dès les premières minutes, elle est pleine de suspense et illustre bien la façon dont une jeune fille séduisante malgré elle a pu être victime de nombreuses formes d'exploitation, subies ou voulues. L'histoire de la servante est triste et touchante, et malgré cela, une petite lueur d'espoir et d'optimisme continue de briller pour éclairer le chemin. Vont-elles s'en sortir, vivantes et surtout, ensemble? C'est la question que le film diffuse d'un bout à l'autre. On ne peut pas deviner à l'avance si cela se terminera par un vague happy end, puisque la mort et l'éros semblent irrésistiblement liés dans ces situations troubles.

Deux jeunes femmes aux destins opposés se retrouvent au centre d'une intrigue amoureuse. Elles ne peuvent plus se passer l'une de l'autre. Les actrices n'en font pas trop et livrent une prestation simple et remarquable: deux âmes qui veulent s'aimer, coûte que coûte. Le père de la jeune fille sage, un juge bien connu, décède mystérieusement. Qu'ont-elles à y voir?

Le film commence sur un mystère autour du personnage de la servente, blasée, qui ne sent plus son corps parce qu'on a trop souvent passé dessus. Il y a des non-dits importants planant dans l'air, des points noirs dans son histoire. On sent qu'elle ne révèle pas ce qu'elle est au fond d'elle. Elle semble étrange et son ambiguïté se fait sentir jusque dans sa relation avec Lala. La vérité à son sujet est pourtant complexe et inattendue, elle se dévoile petit à petit vers la fin du film. Au-delà de ses inconsistances et son rejet apparent de son amoureuse, on découvre son vrai visage où se voient les séquelles d'un passé tragique. Seul l'amour de Lala pourrait lui faire oublier.

La réalisatrice nous convie à un voyage émotionnel. Elle ne cherche pas à faire un cinéma du spectaculaire mais s'oriente nettement vers le cinéma passionnel, charnel, en suivant la trace intimiste d'Almodovar, où l'amour est toujours interdit, extrême, mêlé de crime et de folie. Elle y ajoute une dimension fantasique: le petit garçon qui vit dans le lac représente ce danger qui nous guette: la vie qui peut nous noyer jusquà ce que l'on apprenne à respirer sous l'eau. C'est l'apprentissage qu'ont fait ces jeunes filles dans le film.

La trame non-linéaire de l'intrigue fascine et pousse le spectateur à s'interroger pour imaginer toutes sortes d'explications plausibles. Il essaie de deviner l'histoire par les petits bouts qu'on lui montre. La déconstruction stimule la curiosité intellectuelle. En fait, la structure du film suit les images morcelées que l'on peut avoir en mémoire après un choc quand on n'arrive plus à reconstituer les événements qui ont tout changé le cours de notre vie. Le mystère ne vient pas entièrement du personnage de la servante mais aussi de celui de la jeune fille riche qui se métamorphose. Sous des dehors de fille modèle parfaite, elle cache bien une capacité à la passion et à la violence.

Les révélations finales rappellent toutefois des chemins trop empruntés au cinéma obsédé par l'inceste, celui d'un Volver par exemple. Toujours le même sombre secret, l'enfant monstrueux qui en résulte, etc.

El nino pez se remarque par ses images attirantes et le suspense qui tient en haleine. Sa sincérité va droit au coeur.

Publié dans Critiques de films

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