"Millenium 2", froid, brûlant et captivant...
Millenium 2, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, Suède, 2009, 2h09
Titre original : Flickan som lekte med elden
Thriller policier de Daniel Alfredson
Avec : Noomi Rapace, Michael Nyqvist, Lena Endre
Date de sortie : 30 juin 2010
Distribué par : UGC Distribution
4 étoiles
Synopsis : Traquée, prise au piège d'une manipulation manifestement très planifiée... Lisbeth va devoir affronter son passé. Elle pourra compter sur l'amitié infaillible de Mikael Blomkvist, qui fera tout pour prouver qu'elle n'est pas la tueuse en série que les médias et la police dépeignent.
Froid, brûlant et captivant malgré la réalisation très sobre
« Millenium 2 » poursuit sur la même lancée et tient ses promesses en retenant l’attention pendant deux heures d’une sorte de quasi-fascination pour cet univers suédois bien particulier. Si le scénario en béton ne faiblit jamais, riche en rebondissements et surprises, toujours tourné vers le côté obscur, la réalisation est un peu trop sobre : le réalisateur suédois, Daniel Alfredson, qui succède à Niels Arden Oplev, se contente de filmer comme pour la série télé dont il est aussi le réalisateur. Tout tient donc plus à la force de l’histoire qu’à l’aspect visuel un peu plat et assez épuré. Les scénaristes ont bien fait leur travail et font honneur à l’œuvre de Stieg Larsson. Le film reste très cohérent en montrant le passé très proche du présent. Le thème de la corruption suédoise généralisée soulève l’intérêt en devenant une sorte d’illustration du mal au fond du cœur des êtres humains. Tout cela est donc très proche de nous, surtout à cause des personnages très humains.
L’interprétation toute en efficacité de Noomi Rapace impressionne : elle est à fond dans son rôle de Lisbeth et sait montrer toutes les facettes de ce personnage complexe, à la fois capable de violence et de douceur. Michael Nykvist porte aussi le rôle sur ses épaules et réussi à être convaincant en montrant un journaliste honnête et courageux. Si la mise en scène ne permet pas d’y voir un point de vue particulièrement artistique, cette interprétation est suffisamment talentueuse pour faire oublier tout le reste. Ce qui est un peu décevant, c’est que les deux personnages ne sont plus amoureux ici, mais amis : on remarque peu leur interaction puisqu’ils préfèrent agir à distance tout en restant en contact. Les émotions sont placées au devant de la scène et rendent l’action encore plus poignante. Un mélange efficace.
Beaucoup moins choquant que le premier opus, cette suite «La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » nous amène à découvrir mieux le personnage de Lisbeth, que l’on voyait comme une marginale assoiffée de vengeance : on comprend ici ce qui l’a rendue aussi amère lorsque le passé nous est enfin dévoilé, et cela rend cette gothique parfois blonde encore plus sympathique. Son vrai père, ici le personnage « affreux » de l’histoire, est secondé par son demi-frère tout aussi monstrueux : les deux forment une coalition du mal contre laquelle les deux personnages luttent avec énergie.
L’électricité est presque palpable alors que la tension demeure soutenue tout au long du film : si la fin est prévisible, les moyens ne le sont pas et les péripéties distillent une véritable angoisse. Le mal va-t-il triompher ? De quoi donner des frissons dans le dos en plein été… La morale n’est jamais absente dans « Millenium », et c’est encore une fois le cas, ce qui permet de croire encore qu’il y a une certaine justice sans ambivalence. Sans pouvoir approuver la vengeance de Lisbeth, on peut admettre que ses motifs sont justifiés.
Le deuxième opus comporte moins de scènes de violence brutale et reste donc plus accessible à un public général mais averti : il suffit ici d’être amateur de thriller policier pour apprécier toute la saveur sans la cruauté du début. Intelligent, solide et bien construit, « Millenium 2 » poursuit la saga en rappelant son intérêt.