"Thirst, ceci est mon sang" (2009), un film lourd, insupportable, mais un vrai film de vampire gore et grotesque

Publié le par Josée - Vampirella Orasul

Date de sortie : 30 Septembre 2009   
 
Réalisé par
Park Chan-wook
Film sud-coréen. 
Genre : Drame, Thriller
Durée : 2h 13min. 
Année de production : 2008
Interdit aux moins de 12 ans
Titre original : Bak-Jwi
Distribué par Le Pacte

5 étoiles


Synopsis :

Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l'avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie mais une transfusion sanguine d'origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d'étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pélerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d'enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu'il éprouve pour la jeune femme...
Critique :
Il s'agit d'un récit étouffant et phénoménal de la condition vampirique, moderne, percutant de réalisme. Le  Coréen Park Chan-wook, réalisateur de "Lady Vengeance", signe ici un film trop long (une série télévisée en 7 épisodes aurait bien fait l'affaire), monumental et lourd, un film qui s'éclate dans toutes les directions au lieu de s'en tenir à son film conducteur, qui manque de punch par moments malgré son propos dramatique, et qui pourtant rend accro, tout comme les vampires sont accro du sang.
Le réalisateur mêle les genres et les registres, ce qui en fait un film hybride tout à fait original et unique en son genre, bien plus profond que les décevants "Underground" sans émotions. Bizarrement inspiré de "Thérèse Raquin" de Zola (la référence reste bien vague), le réalisme le plus cru est ici présenté, mais le film reprend tous les codes de la légende vampirique en version moderne tout à fait fascinante. Les vampires semblent souffrir d'une maladie qui ressemble à la lèpre, ce qui est très pertinent : le vampirisme comme une maladie et une addiction, en plus des super pouvoirs.
L'idée intéressante du prêtre qui devient vampire comme dans "La morte amoureuse" constitue une référence plus solide, mais contrairement à ce récit, il ne devient pas vampire à cause d'une femme, il est lui-même l'initiateur puisqu'il crée une femme vampire : il est donc question de ce que l'on appelle l'homme fécond. Les scènes horribles, pénibles, donnent une bonne claque en pleine figure, mais il y a aussi tout un aspect social intéressant : l'analyse d'une famille dysfonctionnelle reconstituée est très parlante. Le thème de l'orpheline qui se venge de la belle-mère revient ; des événements choquants se produisent, des situations d'abus sur la jeune fille, l'enfer qu'elle doit vivre avec son mari malade en permanence. C'est surtout l'histoire d'amour qui pique la curiosité, un prêtre qui fait viril avec une jeune fille qui finalement a beaucoup de personnalité et de caractère, plus qu'on peut le croire au début. Elle finit par se transformer en vraie femme qui s'affirme.
Les images superbes choquent et font rêver, dans une sorte de poésie morbide, la dernière scène fait penser par exemple à Claudia et sa nouvelle mère au fond du puits dans "Entretien avec un vampire". "Thirst" s'avère aussi efficace que le film coréen "Deux soeurs", et tout aussi horrible que le récent "Antichrist", il va aussi loin dans l'horreur en poussant le spectateur dans ses derniers retranchements.
Les deux histoires qui se développent parallèlement rendent le film lourd : il est à la fois question d'une jeune fille qui s'éveille à la vie et à l'amour en même temps qu'elle devient vampire par condition acquise, mais l'histoire - les histoires - tournent mal, il faut renoncer à la fois à l'amour et à la vie, et aux super pouvoirs.
En somme, rien ne nous est épargné, ce film mise sur la transgression à l'état pur, il prend l'estomac comme dans "Requiem for a dream", à la limite du supportable. Voilà un vrai film de vampires, comme le récent "Morse", une réalisation suédoise originale, des films sanglants, grotesques, et bien loin de la vision romantique sirupeuse de "Twilight".
Le réalisateur filme avec brio cette histoire déjantée, ce labyrinthe terrible de la passion irrationnelle. Le scénario ambitieux, très chargé, qui brasse une variété de thèmes, même s'il est mal structuré avec des longueurs désespérantes, captive. Les effets spéciaux et les décors de nuit résolument modernes donnent du ressort à l'intrigue. A ne pas manquer, mais réservé à un public averti.

Publié dans Critiques de films

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