"La course à la mort de l'an 2000" (1975), film culte qui présente des rides mais divertit toujours autant en mettant à l'avant des interrogations modernes

Publié le par Josée - Vampirella Orasul

Date de sortie : inconnue
Réalisé par Paul Bartel
Film américain. 
Durée : 1h 20min. 
Année de production : 1975
Titre original : Death Race 2000
Remake : Course à la mort (2008)



3 étoiles

Synopsis :

Dans une société futuriste, le sport national est une course de voitures où les points se mesurent au nombre de passants écrasés.

Critique :

"La course à la mort de l'an 2000", ou "Les seigneurs de la route" s'inscrit dans la lignée des films de révolte sur la liberté que les années 1970 nous ont transmis, et dont le plus célèbre reste "Easy rider". Le parallèle est difficile à établir, bien qu'il s'agisse de vivre sur la route.

Ce film d'action que l'on croit facile surprend par son caractère explosif, choquant, et immodéré, qui diffuse tout de même une sorte de message moral malgré son aspect complètement amoral. Les belles images, l'ambiance intéressante donne l'impression de plonger en plein dans les années 1970 avec des couleurs jaunes, oranges et des décors qui ne sont pas vraiment recherchés et dont le naturel réussit à charmer. On y voit vraiment l'Amérique moyenne assoiffée de sang et de violence, son trait le plus typique, comme on pouvait le constater dans le récent "Boulevard de la mort".

L'excellente interprétation de David Carradine en Frankenstein, sorte de faux monstre tendre à l'intérieur, comme un héros de BD, ainsi que la présence appréciée de Sylvester Stallone, beau et jeune donnent du dynamisme à cette oeuvre. Le réalisateur Paul Bartel, une sorte de fou original, a tenu son pari et fait une brillante satire sociale, portée à son degré le plus extrême.
Les personnages féminins, des caractères forts constituent la cerise sur le sundae, malgré les clichés de situations que l'on retrouve dans ce film, les petites disputes entre filles, la jalousie que l'on croit être un trait féminin, etc. Ces femmes fortes font penser aux héroïnes libres de "Charlie's angels".
Le look particulier des personnages, qui ont tous leur style vestimentaire ou horrifique, ou leur maquillage bien réussi, montre le souci du détail du réalisateur, qui n'a rien pris à la légère.

En tant que sport, la couse automobile va bien plus loin qu'une activité physique. Cette course de voitures fait penser que le fait de se trouver dans une voiture et de rouler revient à vivre sa vraie vie, vivre plus intensément. C'est quand ils sont sur la route que l'aventure commence vraiment, mais ce qui est révoltant, est de constater qu'ils doivent tuer pour gagner et vivre vraiment !
Le goût de la provocation et du ridicule qui est ainsi manifesté fait penser à cette oeuvre extrême et inimitable qui est "Pink Flamingo", où l'on n'a pas hésiter à laisser les personnages vivre leurs passions au maximum, sans se soucier des autres.
La passion dans "La course à la mort de l'an 2000" est celle de l'amour de la route, au point de ne vivre que pour cela, comme dans "Point limite zéro", sorti 4 ans plus tôt en 1971. La nécessité de tuer devient un divertissement aussi choquant que dans "Live !" où il s'agissait de se suicider en public à la télévision, où la télé-réalité demande de plus en plus de violence, deux options différentes mais qui renvoient à la même soif de sang, se donner la mort ou la donner à d'autres.

Cette oeuvre divertissante malgré tout parle de la violence à l'intérieur de l'être humain, une thématique chère à Martin Scorsese, entre autres. Certes, les personnages que l'on y voit sont des sortes de marginaux, des gens qui sont déjantés, libres, mais très ambitieux et sérieux dans leur passion, ce qui est différent des personnages du film "Hair". Les coureurs ne sont pas des gens que l'on rejette mais des héros que tout le monde admire, au point de se sacrifier pour eux (une jeune fille qui se met devant l'automobile pour y trouver la mort, par exemple).

Il faut voir ce film pour ce qu'il est, un divertissement, une pure série B où l'on s'amuse avec des couples nus, des voitures, de l'action, de l'humour, rien de trop recherché, et pourtant cela reste un film polémique. Deux ans après la guerre du Vietnam, on revoit la même histoire, le massacre d'innocents, et cela rappelle aussi les jeux du cirque de la Rome antique avec toute leur violence. Cela reste aussi un film qui a inspiré le jeu vidéo Carmageddon. "La course à la mort de l'an 2000", est donc un film culte qui a vieilli mais qui nous parle encore en énonçant des problèmes de nos sociétés occidentales modernes, la montée de la violence et les médias qui sont dans le coup.



Publié dans Critiques de films

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