"Plein la gueule" (1975), film mi-prison, mi-sport qui critique ouvertement et efficacement les figures d'autorité à l'américaine

Publié le par Josée - Vampirella Orasul

Date de sortie : 21 Mars 1975   
Réalisé par Robert Aldrich
Film américain. 
Genre : Comédie
Durée : 2h 1min. 
Année de production : 1974
Titre original : The Longest yard
Remake : Mi-temps au mitard (2005)

3 étoiles



Synopsis :
Ex-champion de football américain accusé de corruption, Paul Crewe se bat avec les policiers venus l'arrêter pour le vol de la voiture de sa femme. Il est alors condamné à une peine de deux ans de prison dans un pénitencier d'Etat. Hazen, le directeur, lui propose alors d'entraîner l'équipe des gardiens en passe d'être qualifiée pour les championnats.

Critique :

Robert Aldrich aime filmer les conflits très violents entre les individus et critiquer ouvertement l'autorité, ce qui est le cas ici avec "En pleine gueule", dont le titre original est "The longest yard". Le scénario a été rédigé par une femme, Tracy Keenan Wynn, alors que l'on met en scène des hommes sauf une exception. Le film nous propose une peinture de l'univers carcéral comme c'était le cas pour le récent "Un prophète", mais le football devient ici une métaphore de la société : l'homme contre lequel il faut se battre pour vaincre l'injustice est le Warden Hazen. Cela est d'ailleurs le seul point commun entre tous les détenus : chacun veut régler ses comptes avec l'autorité et décide de collaborer avec les autres malgré les divergences d'opinions entre eux.

La performance intéressante de Burt Reynold fait sourire car il perd à la fois sa moustache et son agressivité mais non pas sa personnalité. Il montre alors un beau sourire et fait preuve de ce que l'on appelle des habiletés relationnelles pour fédérer tous les prisonniers ; et c'est par ce recrutement que viennent les scènes les plus intenses du film, comme dans "Les douze salopards".

Le portrait de la prison est assez grossier et peu nuancé, les hommes de pouvoir ressemblent tous à de vrais salauds, ces portraits caricaturaux existent surtout pour critiquer plus que pour apprendre à connaître la nature humaine.

L'atmosphère des années 1970, pleine de révolte et de joie de vivre y est omniprésente, mais le film a justement beaucoup vieilli, il n'est pas vraiment plus réussi que le remake que l'on a fait en 2001, "Carton rouge - Mean machine". On y remarque l'opposition de caractères typique du cinéma de ces années, suivie d'une sorte de réconciliation.

L'intention d'Aldrich est évidente dès le départ, il voulait se moquer de l'autorité et y réussit par des moments d'humour très réussis là où on ne les attendait pas (la bataille dans la boue par exemple) ! L'éloge de la camaraderie et des liens entre les races donnent une saveur sympathique à l'ensemble. D'autres moments de violence grave (un prisonnier brûlé vif) donnent un ton plus sérieux. Les très longues scènes de football ont une portée morale qui séduisent même les non-amateurs de ce sport.

Ce film de révolte, même s'il n'est pas le plus réussi et le plus poignant du cinéaste présente toutefois une sorte de vengeance sublimée par le sport, et intéresse par sa tentative de redonner de la dignité aux prisonniers. Le rythme rapide qui en met justement "plein la figure" permet de ne pas s'ennuyer, mais l'analyse psychologique manque. On n'en sait pas beaucoup sur le personnage principal et ses motivations quand il dit que le football ne l'intéresse plus, et cela rend le film un peu trop léger et facile, prévisible avec la victoire des bons à la fin, mais il reste audacieux, divertissant et dynamique.

Publié dans Critiques de films

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