"The Molly Maguires" (1970), un film très sérieux, à la fois dur et poétique.

Publié le par Josée - Vampirella Orasul

Date de sortie : inconnue
Date de reprise : 9 Septembre 2009   
Réalisé par Martin Ritt
Film américain. 
Genre : Drame, Historique
Durée : 2h 4min. 
Année de production : 1970
Titre original : The Molly Maguires
Distribué par Swashbuckler Films
4 étoiles



Synopsis :
En 1876, dans les mines de charbon de Pennsylvanie, des mineurs sont sans défense, exploités de façon éhontée pour les besoins de l'industrie en plein essor. Une seule consolation dans leur misère, les exploits des "Molly Maguires", société secrète qui venge par la violence les injustices faites aux ouvriers. La police décide alors d'infiltrer cette organisation et envoie sur place un détective, qui réussit à entrer en contact avec eux...


Critique :
The Molly Maguires nous plonge dans une ambiance à la fois très sombre et réaliste, dans une atmosphère très convaincante qui nous présente dès les premières minutes une ville minière où tout le monde part travailler (part se faire exploiter) à 5 heures du matin, dans un lugubre cortège. Dès les premiers instants, on est ému par cette condition en se demandant comment des êtres humains peuvent vivre comme cela sans avoir l'âme noircie comme du charbon.

Le sous-titre de ce film courageux pourrait d'ailleurs être "Une lueur dans la nuit" : la lumière qu'ont les mineurs sur leur casque sert à percer les ténèbres. L'inspecteur de police que l'on découvre à la fin vient apporter une autre lueur, celle de la justice, mais encore là les notions de justice et d'injustice demeurent nuancées, incertaines.

L'interprétation parfaitement réussie de Sean Connery qui campe un personnage mystérieux et opaque étonne. Car on ne parvient jamais vraiment à savoir s'il est bon ou mauvais, il s'agit d'un homme en apparence très froid qui montre parfois ses émotions dans des situations extrêmes.

Le scénario sobre, qui s'en tient à un sujet central (retrouver les Molly Maguires, une société secrète qui sème le désordre) rend l'émotion plus intense. Les dialogues simples permettent d'éclairer la psychologie des personnages, quoique le rythme soit assez lent d'une façon générale, parfois brisé par des scènes d'action. En somme, le film est un chef-d'oeuvre du genre puisqu'il permet de bien comprendre l'exploitation dont sont victimes les gens qui travaillent dans la ville.

Le film, profond à sa manière, suscite une réflexion, car il présente un dilemme entre la nécessité de se battre pour conserver sa dignité d'être humain face à des force de l'ordre oppressives et les actions néfastes et violentes d'une société secrète qu'il faut combattre. Le retournement de McParlan (Richard Harris) laisse pantois ; on éprouve même de la sympathie pour lui d'avoir fraternisé avec le chef des justiciers.

Les deux interprètes de choc, Connery/Harris, rendent le film dynamique en lui donnant un souffle humain qui s'oppose aux autres scènes d'évocation violente de la condition ouvrière déplorable du XIXème siècle. Le charbon ressemble alors à une émanation de l'enfer, qui recouvre littéralement l'être humain de noir.

La sublime musique de Mancini ajoute de la poésie à ce chef-d'oeuvre invisible du genre malgré la réalisation parfois trop calme. La sombre beauté poétique saisit les yeux dès les 15 premières minutes. Cela fait songer aux films assez violents, dynamiques, de Sidney Lumet, comme "Dog day afternoon", et "Piège mortel", où des caractères forts s'affrontent.

Publié dans Critiques de films

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